Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
lis tes ratures
lis tes ratures
  • J'aime lire mais aussi écrire J'aime le livre, l'objet ; le toucher, le manipuler autant qu'il me manipule. J'aime le voyage, l'aventure des récits et les émotions qu'ils procurent et font émerger. J'aime les personnages. Que vive la littérature !
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Visiteurs
Depuis la création 3 591
10 octobre 2020

Pierre J.....Je me souviens

Je me souviens de rien ! rien ne me vient à l'esprit !

Je me souviens que quand on était jeunes, on gardait les vaches, tout le temps les vaches. On rentrait de l'école, tout le temps les vaches. Y avait pas de clôture électrique.

Je me souviens qu'on allait à l'école à pied. On habitait à côté de Chartres et on allait à Noyal.

Je me souviens que le catéchisme c'était le dimanche après-midi et après-...les vêpres. Je te dis pas comme on rigolait !

Je me souviens...quelques uns ne voulaient pas rester aux vêpres. Alors, le prêtre pour qu'on reste,  il envoyait un choriste chercher sa robe et il l'enfilait devant nous.

Je me souviens du gars qui disait les publications après les vêpres. Il disait les principaux trucs qui s'étaient passés dans la semaine, devant l'église. Il y avait Auguste et puis Emile.

Je me souviens que j'allais à la messe tous les dimanches...enfin y avait les p'tites chapelles. Si tu trouvais un copain, t'allais chez Marguerite.

Je me souviens mon père m'disait "Vaut mieux qu't'aille faire le con au bistrot qu'à l'église !".

Je me souviens les histoires qu'on racontait sur les galeries pour récupérer la chaux. On disait qu'il y en avait une qui partait de Pontan et qui allait jusque sous l'église d'Orgères.

Je me souviens du père...qui labourait son champ et son cheval est tombé dans un trou de galerie. Le taureau qui était derrière s'est reculé. Le cheval est resté là dans le trou.

Je me souviens, une autre fois, l'attelage ne voulait plus avancer...c'est parce qu'un trou avait commencé à se former et les animaux sentaient le danger.

Je me souviens quand tu sortais de l'école, Vincent, tu montais dans le car et tu faisais un bras d'honneur au garde champêtre.

Je me souviens que je n'aimais pas les bonnes soeurs, à part Soeur Paule qui était gentille. Les autres disaient "toi, toi, toi, toi..." en s'adressant aux garçons et les filles, elles les appelaient par leurs prénoms. Je suis allergique aux bonnes soeurs.

Je me souviens aussi de la mère Le Seiche qui nous frottait les oreilles par derrière quand on faisait des conneries.

Je me souviens au catéchisme, un copain m'avait projeté sur le mur de l'église. je saignais de la tête. C'est la première fois que la bonne soeur m'a appelé par mon prénom.

Je me souviens de mon premier bisou...sur un banc et sur la joue.

Je me souviens qu'on faisait exprès de marcher en dehors des passages piétons devant le garde champêtre.

Je me souviens d'un voisin qui avait fini toute sa maison, les carreleurs arrivent un jour pour poser le carrelage et y avait un grand trou au milieu de la maison. encore les galeries !

Je me souviens, pendant la guerre, on moulait le blé avec le moulin à café pour faire de la farine. Si on voulait faire de la bonne blanquette ou de la la bonne farine, on passait deux ou trois fois.

Je me souviens quand on était jeunes, on allait au bal le dimanche après-midi à vélo. Il y avait des bals, à Bruz, à Chartres, à Bablouse, au Pigeon Blanc, et le deuxième dimanche de septembre à Châtillon.

Je me souviens, l'hiver y avait la fête de la classe. Autremement, tu allais au cinéma à Rennes ou au bal à Pont-Réan, au bord de la vilaine "Au fil de l'eau" entre Guichen et Laillé.

Je me souviens des patates qu'on faisait cuire avec de l'orge. ça donnait un bon goût aux pommes de terre. Après, on les ortait de la marmite et on mettait une nois de beurre.

Je me souviens des phrases qu'on disait, enfant "La bourse ou la vie, la canne ou le parapluie" "Haut les mains, peau de lapin, d'la saucisse ou du boudin" "Haut les mains, peau d'lapin, la maîtresse en maillot de bain".

Je me souviens du père Trottoux qui était très dur parce qu'il avait fait la guerre 14-18 et il avait eu une perforation de l'intestin.

Je me souviens, pendant la guerre, il y avait des réfugiés de Rennes qui logeaient dans les fermes, un peu partout.

Je me souviens d'un bombardement allemand d'un train de réfugiés qui était en gare près d'un trains de munitions. C'était en 40. On a retrouvé des semelles de chaussures et des planches de wagon à 5 kms à vol d'oiseau.

Je me souviens, y avait une charette avec des réfugiés du nord de la France. Le père Evrard avait une fille de 17 ans avec qui j'ai correspondu longtemps. La mère n'avait pas voulu quitter sa maison à Fellerie parce qu'elle était sourde et elle n'entendait pas les bombardements. C'est à cause de la fille que le père est parti. Ils étaient descendus à cause des boches. Ils ont mis trois semaines pour arriver ici. Et quand ils sont arrivés, les boches étaient là aussi !

Je me souviens, à l'école, on jouait aux gendarmes et au voleur, à l'épervier, aux billes, à la corde, à la marelle.

Je me souviens, à l'école, c'était boulot, boulot ! tu pouvais être rendu à 6h du matin, l'instituteur était là. Tu révisais tes leçons. t'avais pas intérêt à arriver à 8h1/4 parce qu'autrement, il était toute la journée après toi !

Je me souviens, on sortait à midi, à l'angélus. On mangeait sous le préau ou chez Galesne, le boulanger. On était 5 ou 6.

Je me souviens, on mangeait froid. Tu portais du pains, du beurre et un bout de poulet. Galesne fournissait la soupe et la bolée de cidre. On mangeait dans le café (là où est le bijoutier maintenant).

Je me souviens, le soir, on sortait à 18 heures, à l'angélus. C'était pour tout le monde pareil.

Je me souviens que j'ai été servi. je me suis pas fait baiser  beaucoup de fois. J'étais un an plus jeune que ceux de ma classe et je pleurais...je pleurais.

- Va dehors ! m'a dit le père Trottoux

Je pleurais, je pleurais encore comme une madeleine.

- Va dans le bas des marches !

ça m'a tellement travaillé et ça m'a tellement refroidi que j'ai plus pleuré après. Enfin, ça t'endurcit !

Ben dis donc Tonton...pour quelqu'un qui ne se souvient de rien et qui n'a rien à dire !

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité