Mal de mères suite 10

Chère Hortense,

Le courrier d'hier a remué en moi beaucoup de choses. Je me suis réveillée ce matin avec en tête mes grand-parents tant aimés. Ils me sont apparus en rêve. Nous devions partir en pique-nique et Étienne ne voulait pas prendre le temps de charger la table pliante et les sièges. J'en étais désolée. J'étais tellement contente de les voir tous les deux côte à côte, lui si grand et elle si petite, eux si rassurants. Heureusement je n'ai pas eu le temps de nourrir cette douce nostalgie. Le quotidien nous force à avancer. C'est toujours une joie et une douleur de les voir en rêve.

En ce moment, je suis un peu plombée par l'ambiance exécrable et les ragots qui circulent. J'ai beau essayé de changer de conversation, les rivalités, les tensions, les méchancetés rejaillissent systématiquement au détour d'une phrase même anodine. Trop hâte que la campagne pour la présidence prenne fin. C'est à mon avis la raison de cette sale ambiance. Cette querelle de pouvoir malsaine empêche de voir l'essentiel. Les gens se focalisent sur les dires au lieu de faire. On stagne, on s'enlise, on se noie ! Dans une semaine aura lieu la fête de la musique. Monsieur le Maire a réuni les associations culturelles pour essayer de changer les codes. Nous sommes curieux de voir ce qui sortira du chapeau. Jusqu'ici il n'y avait rien ici et nous sommes nombreux à attendre que quelque chose se passe. Il y a déjà longtemps que nous avons renoncé à partager cette soirée dans les grandes villes : trop de monde, les musiques qui se chevauchent, la cacophonie, les beuveries...on a déjà donné. Restons positifs !

En fin d'après-midi, je dois passer à la boutique prendre le thé. Mme Lilibeth m'a fait remarquer que je ne passe plus beaucoup et qu'elle aimerait goûter en ma compagnie. Ça me touche ces petites attentions. Ça me fait du bien d'être espérée quelque part. Ça me fait chaud au coeur.

Je t'embrasse ma belle.

Ton amie