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lis tes ratures
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  • J'aime lire mais aussi écrire J'aime le livre, l'objet ; le toucher, le manipuler autant qu'il me manipule. J'aime le voyage, l'aventure des récits et les émotions qu'ils procurent et font émerger. J'aime les personnages. Que vive la littérature !
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3 avril 2020

Mal de mères suite 4

Tres chère  Hortense,

Lundi matin, Étienne a accompagné Mme Lilibeth, Mr Josse et Gilles à la gare en vue de la confrontation de mardi. La tension était palpable d'après  Étienne et il  a tenu à ce que tout ce petit monde se détende autour d'une boisson avant le départ. Mr Josse commentait les nouvelles du journal local histoire d'occuper l'esprit de Gilles qui souriait de reconnaissance pour toutes ces attentions. Mme Lilibeth ne l'a pas lâché. Toujours au plus près de lui, dans la voiture, au bar et dans le wagon. Étienne ne les a quittés qu'au départ du train. Nous sommes restés deux longues journées sans aucune nouvelle.

A leur retour, mercredi, Mme Lilibeth nous a tous réunis à l'improviste, pour un diner dans son appartement. C'est  la première fois que ça se produit. Les occasions de se retrouver sont nombreuses mais rarement tous ensemble et encore moins pour un repas. C'est Margot qui nous a accueillis les uns après les autres. Quand nous sommes arrivés avec Étienne, Mr Josse discutait avec Mme Lilibeth dans le salon. C'était la journée des premières fois car nous nous sommes tous embrassés. Gilles est arrivé quelques minutes plus tard et après une franche accolade avec Étienne, il m'a serrée dans ses bras et cette douce force pleine de tendresse m'a émue aux larmes. J'ai dû rapidement chercher un mouchoir. Alors qu'Etienne parlait déjà théâtre, Aurore nous a rejoints après avoir fermé la boutique. Encore une première fois...elle avait troqué ses bottes de moto et son éternel pantalon noir troué contre une jolie robe droite vert bouteille et de jolis escarpins. Sa magnifique chevelure était lâchée sur ses épaules. Seuls ses tatouages dėnotaient dans ce concert de féminité. Étienne était sous le charme et moi j'ai dû garder la bouche suffisamment longtemps ouverte à la manière d'un poisson rouge car Aurore m'a taquinėe d'un

- Gaffe Claire, une canne à pêche et vous allez mordre à l'hameçon !

Évidemment j'ai aussitot pincé les lèvres et la petite assemblée a ri de me voir ainsi. Je me sens maintenant suffisamment à l'aise avec tout le monde pour ne pas m'en offusquer ou plus simplement en être gênée. Une fois le groupe au complet, Margot sur ordre de Mme Lilibeth nous a servi un verre de champagne. Nous étions tous debout autour de la table de salon, le verre à la main. Celle-ci a alors pris la parole

-  j'ai proposé à Gilles de réunir ce soir toutes les personnes qui depuis quelques mois ont pris une grande importance pour lui et pour moi. Nous sommes trois à avoir partagé ces deux journées pleines de stress et d'émotions diverses et variées à la capitale. Mais Claire, Étienne, Margot et Aurore...j'imagine que vous êtes pressés de savoir ce qui s'y est passé. Avant de laisser la parole à Gilles, je vous propose de trinquer à l'amitié.

C'était très émouvant ce mot amitié dans la bouche de Mme Lilibeth, ça m'a vraiment surprise et j'ai senti ma gorge se serrer. Heureusement, j'avais conservé un mouchoir à la main.

Je n'ai jamais pensé, malgré notre proximité, que nous avions pris autant d'importance dans sa vie. De plus, elle reste l'employeur d'Aurore, Margot et Gilles. Mais à cet instant prėcis, j'ai réalisé que l'entraide et les attentions que nous avions tous eus les uns envers les autres, les complicités, les confidences, les rires, les larmes, la disponibilité et l'écoute avaient forgé à notre insu un lien fort. Nous avons levé notre verre tels les mousquetaires sauf que nous étions sept. Puis nous nous sommes tous installés dans les fauteuils et canapés moelleux.

Évidemment Gilles a senti que toute l'attention et les attentes lui étaient désormais adressées. Six paires d'yeux étaient braquées sur lui. En fait, il a mis du temps à pouvoir prononcer un seul mot. Il a pleuré, longuement pleuré. Margot comme à son habitude lui passait la main dans le dos, le massant avec douceur et le réconfortant. Aurore, comme à son habitude le taquinait "pleure un bon coup ma Gillette mais n'oublie pas de boire un coup de champagne sinon...déshydratation assurée !". A chaque fois les deux réunies parviennent à le détendre. Il a pris une profonde inspiration, a balayé la petite assistance de son doux regard, comme pour vérifier qu'il bénéficiait de l'indulgence de son auditoire.

- Je voulais vous remercier d'être tous là et surtout merci merci merci Mme Lilibeth et Mr Josse. Sans vous, je pense que je n'aurais pas tenu le coup. Reconnaissance éternelle. En fait, quand nous avons retrouvé Stéphanie et Erwann de la section LGBT Paris, je ne voyais vraiment pas comment j'allais pouvoir identifier quelqu'un que je n'avais pas vu puisque j'ai été attaqué par derrière. Malgré tout, vous savoir là, me rendait confiant même si je n'avais pas vraiment de souvenirs de mon agression. Les coups, la nuit, le réveil...Je pensais que c'était tout. Quand on m'a présenté cinq individus derrière la vitre sans tain...j'ai éliminé les trois qui me paraissaient plus petits que moi et après j'ai fait un blocage. Et puis, un policier est entré dans la salle où je me trouvais. Il venait chercher un dossier. Il empestait un parfum pour homme mais ça sentait tellement fort que je me suis fait la réflexion qu'il pourrait anesthésier un cheval. Alors, je ne sais pas ce qui s'est passé au niveau de mon cerveau. J'ai eu comme un flash et le souvenir qu'au moment de mon agression il y avait l'odeur d'un parfum que je connaissais bien Sagamore de Lancôme. J'ai transmis l'info aux deux inspecteurs qui étaient avec moi. Je n'avais rien d'autre comme élément à donner. Je me sentais dépité et aussi colère. J'avais le sentiment que cet agresseur resterait sans doute impuni et que ça lui laissait le champ libre pour recommencer.

Mr Josse a alors poursuivi

- c'est donc à cause de ce parfum que l'un des deux individus a été confondu. Il s'en était aspergé, ce con, et après un interrogatoire musclé, auquel nous n'avons bien entendu pas assisté, il a avoué avoir attaqué Gilles sur ordre d'un copain, lui-même en contact avec un pote en province. Ce contact avait suivi Gilles jusqu'à la gare de Tours le 31 décembre. Grâce à l'horaire d'arrivée, le numéro du train, du wagon et une description physique et vestimentaire...le parfumé sagamorien a pris le relais de la filature. Il a attendu la nuit tombée et un lieu discret et peu fréquenté pour l'attaquer. Il a dit qu'il n'avait pas l'intention de le tuer. Le procès nous en dira plus. L'enquête se poursuit chez nous et j'attends confirmation mais le commanditaire aurait été arrêté.

Je ne te raconte pas la soirée ! L'alcool nous a aidés à décompresser mais nous n'avons cependant pas traîné car tout le monde ou presque travaillait jeudi. Le stress et la fatigue du voyage à Paris se lisaient sur les visages de Gilles, Mme Lilibeth et Mr Josse. Un chapitre est clos pour Gilles. Reste à savoir qui en région en voulait à ce point à Gilles ? Il est désormais très bien entouré et en sécurité mais il lui faudra du temps pour archiver le fait de l'agression, le rejet puis l'abandon de sa famille.

Presque fin de l'enquête ma belle Hortense. J'ai reçu ton courrier. Je l'ai vu sur le guéridon de l'entrée en rentrant de ma tournée mais ce repas improvisé m'a contrainte à en reporter la lecture. Demain je te lirai avec curiosité.

Je t'embrasse chère Hortense

Claire

 

 

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